WRC : Bastions nordiques en danger

1000 Lacs, RAC, Rallye de Suède … Ces trois manches du championnat du monde des rallyes ont été longtemps considérées comme de vraies forteresses, où seuls les pilotes locaux (et souvent les Scandinaves!) sont restés maîtres pendant de nombreuses années. Mais, cette domination n’est plus d’actualité aujourd’hui, comme l’a encore démontré Sébastien Ogier ce week-end en Finlande. Retour sur la fin d’époque.

20130808-193817.jpg

Que ce soit sur les pistes verglacées de Suède, entre les jumps finlandais ou dans les forêts galloises, les pilotes nordiques ou britanniques ont dominé toutes les manches de ces trois épreuves dès les années d’après-guerre.

Au RAC, les parcours secrets et les spéciales « Mickey Mouse » ne favorisent pas les « étrangers » qui ne savent pas où ils mettent les roues ! Les locaux coupent largement les virages et connaissent chaque pouce du terrain. La Finlande et ses bosses où il est indispensable de bien connaître la façon de se placer avant les sauts, et ses vitesses entre des sapins qui servent d’échappatoire. Enfin ne parlons pas de la Suède, avec une conduite sur neige et glace qui exige une parfaite maîtrise, avec le fameux jeu avec les murs de neige dont se servent les Scandinaves pour se remettre en piste après leurs splendides dérives.

Très peu de latins osaient se frotter à de tels mythes dans les années 70, et pour cause. A quoi bon finir hors du top 10, ne pas marquer de points, et faire un voyage long et coûteux pour certains à l’époque. Du coup, entre 1950 et 1990, le RAC, les 1000 Lacs et la Suède sont restés propriété des hommes du Nord. Seuls Thérier en Suède en 1973, ou Munari au RAC 1974 montent sur le podium. Les années 80 allaient marquer un renouveau.

Röhrl, Mouton, Saby les précurseurs

Début des années 80, un nouvel ogre arrive en WRC, Audi. L’armada germanique possède des pilotes qui n’ont pas peur de rivaliser avec les Nordiques sur leur terrain. Un seul contre-exemple avec Walter Röhrl qui refuse catégoriquement de faire la Finlande, qu’il juge trop dangereux, ou le RAC à cause du brouillard. L’Allemand est une exception car, pour devenir champion du monde, les pilotes ne peuvent plus se permettre de manquer des épreuves d’un championnat qui compte 12 manches.

En 1980, Guy Fréquelin, copiloté par Jean Todt, arrache la 3e place au RAC sur sa Talbot Sunbeam. En 1984, Michèle Mouton termine 2e en Suède. De plus en plus, les Italiens, ou Français jouent le podium sur ces manches. Deux pilotes vont alors se révéler et briser l’hégémonie scandinave et britannique : Didier Auriol et Carlos Sainz.

Flying Latins !

En 1988, Auriol termine 3e des 1000 Lacs sur sa Ford Sierra Cosworth, mais le coup de maître est réalisé par le futur champion du monde 1990 (puis 1992) Carlos Sainz. 3e en Finlande et 2e au RAC en 1989, El Matador remporte l’année suivante les 1000 Lacs et le RAC. Une vraie fessée pour les Nordiques qui doivent s’incliner face à cet Espagnol capable de se battre sur tous les terrains du WRC. C’est une vraie première. Auriol lui emboîte le train et s’adjuge haut la main la Finlande en 1992.

A partir de cette époque, les deux meilleurs ennemis trustent souvent les podiums finlandais et britanniques mais la Suède se refuse à eux. Les pistes enneigées restent inviolées, mais pour combien de temps ?

Loeb, maître parmi les maîtres

En 2001, un jeune Alsacien débarque en WRC. Sébastien Loeb devient très vite un Tarmac Master comme l’ont été ses aînés français. Mais comme Auriol, Thérier ou Delecour, Loeb commence à jouer la gagne sur la terre. En 2003, il passe tout près de la couronne mondiale (merci les consignes …) et termine 2e en Grande-Bretagne. Son coup de maître va venir en février 2004, ou Loeb profite d’une petite erreur de Marcus Grönholm pour devenir le premier non-Nordique à s’imposer en Suède. Il remportera par la suite le RAC (2008-2009 et 2010) et aussi la Finlande en 2008, 2011 et 2012.

Cette fois, les bastions du Nord sont bel et bien en train de tomber. Mais les Nordiques n’abdiquent pas facilement. Latvala, Hirvonen ou Ostberg ne sont pas disposés à laisser ces pilotes « étrangers » venir leur disputer la victoire sur leurs propres terres. Mais après Loeb, voici Ogier qui se présente en 2013 avec sa nouvelle équipe Volkswagen. Résultat : victoire en Suède et en Finlande. Ogier fera-il le Grand Chelem du Nord en enlevant le RAC ? Réponse en novembre prochain.

WRC – Finlande Étape 3 : Ogier parmi les grands

En remportant le rallye de Finlande, Sébastien Ogier rejoint dans la légende des pilotes non-nordiques à avoir remporté les 1000 Lacs, Carlos Sainz, Didier Auriol ou Sébastien Loeb. Le pilote VW a maitrisé la dernière journée et devance les duettistes de chez Ford Neuville et Ostberg qui ont animé la fin du rallye.

20130803-172614.jpg

Le mythe Ouninpohja

Dans cette dernière étape, les concurrents du WRC ont emprunté les célèbres sauts de la spéciale d’Ouninpohja. Cette ES est au rallye de Finlande ce que le Turini est au Monte-Carlo ou Valdevez était pour le rallye du Portugal ancienne formule. 33 km de sprint et plus de 150 sauts au programme pour l’une des spéciales les plus rapides de l’année.

Dans le premier passage, Ogier signe le scratch, imposant encore un peu plus sa patte sur cette édition 2013. Mais c’est dans le deuxième tour, dans l’ES22, qu’Ogier va démontrer qu’il est sur une autre planète. En 15’08″9, il signe une nouveau record de la spéciale, battant le temps de Mikko Hirvonen, précédent détenteur de la meilleure marque. Si on ne devait garder qu’un seul moment de la saison d’Ogier, ce serait (pour le moment) celui là.

Duel chez Ford

On attendait les Finlandais, aucun ne terminera sur le podium. Derrière l’intouchable Ogier, ce sont Mads Ostberg et Thierry Neuville qui se sont disputés les deux dernières places sur le podium. Séparés de moins d’une seconde au départ de cette dernière journée, les deux pilotes Ford n’ont rien lâché, se rendant coup pour coup. Ostberg fait finalement un tête-à-queue dans le deuxième passage dans Ouninpohja (ES22) et perd 20″. Il laisse le champ libre pour Thierry Neuville. Le Belge termine deuxième à 36″6 et confirme sa bonne forme du moment. Il empoche également la Power Stage et les trois points attribués pour le championnat. Ostberg est 3e à 57″6.

Grosse déception donc dans le camp finlandais. Hirvonen termine 4e à plus d’une minute après avoir perdu gros hier dans une double crevaison. Latvala avait perdu toute chance dans l’ES2. C’est la 2e fois après 2003 et un podium Martin-Solberg-Burns qu’aucun Finlandais ne monte sur le podium des 1000 Lacs depuis la création du WRC. Historique !
Kris Meeke est parti à la faute dans l’ES22 et a fait un tonneau. Dommage pour le revenant qui avait prouvé qu’il était encore très rapide au volant de la DS3 WRC.

Ogier se rapproche encore un peu plus du titre mondial qui lui est promis depuis le Monte-Carlo. Le WRC se rendra en Allemagne du 22 au 25 août pour la prochaine manche du championnat du monde.

Crédit photo : VW

WRC – Finlande Étape 2 : Ogier frappe fort

On attendait une deuxième étape disputée, elle l’a été. Les pistes finlandaises ont encore secoué le peloton (sortie de Novikov et Hänninen …) et Sébastien Ogier a pris les commandes de la course en milieu d’après-midi, avec une série de 5 meilleurs temps consécutifs quand ses rivaux ont connu divers avatars.

20130802-182332.jpg

Ford et Citroën en difficulté

Chacun son tour aux 1000 Lacs ! Après la journée en demi-teinte pour Volkswagen hier, ce sont Ford et Citroën qui ont souffert dans cette deuxième étape. Dans la deuxième spéciale du jour, l’ES8, Novikov part en tonneaux. Il revient sur la piste et va copieusement gêner Kris Meeke qui en voulant doubler la Ford va y laisser un pare-brise.

20130802-175719.jpg

Ogier et Ostberg luttent à couteaux tirés en tête. La Volkswagen prend les commandes dans l’ES8, et la Ford réplique dans l’ES9. Une bataille à coup de dixièmes. Hirvonen est 3e et Thierry Neuville est bien calé en 4e position à moins de 6″ de la tête de course.

Frayeur pour Hirvo, Ogier s’envole

Dans l’ES9, Hänninen tape à l’arrière gauche et endommage sa suspension. Il abandonnera dans l’ES10. Encore une Ford au tapis. Devant, Sébastien Ogier passe à l’attaque et va signer tous les scratchs entre l’ES10 et 14. Ses rivaux peinent à suivre et commettent de petites erreurs. Hirvonen manque de partir en tonneaux dans l’ES12, crève deux pneus et perd 18″.

20130802-181649.jpg

Neuville crève dans l’ES13 et lâche 15″. Mikkelsen termine l’ES14 sur trois roues et Ostberg, dans le sillage du Français depuis le matin, crève dans cette même spéciale et concède 25″.

20130802-181702.jpg

Si bien qu’avant la Super Spéciale, Ogier est en tête devant Neuville à 36″3. En 5 spéciales, le pilote Volkswagen vient sans doute de tuer tout suspense.

Super Stage pour conclure

Après la Super Stage du jour, Ogier mène donc devant Neuville à 38″1, Ostberg à 39″, Hirvonen à plus d’une minute et Meeke qui complète le Top 5. Encore une étape demain avec le fameux passage dans Ouninpohja et Ogier pourra peut-être rentrer dans le club fermé des non-Nordiques à avoir fait tomber le bastion scandinave.

Crédit photo : Volkswagen, Julian Porter, Colin Clark

WRC – Finlande Étape 1 : Neuville prend les devants

La caravane du WRC faisait son grand retour, et ô joie, c’est sur les routes du célèbre rallye des 1000 Lacs que les Ogier, Latvala, Hirvonen et consors ont repris du service. Le bastion finlandais, mis à mal depuis plusieurs années maintenant par les latins, allait-il sourire de nouveau aux Flying Finns ? La première étape aujourd’hui a déjà fait des dégâts et c’est Thierry Neuville sur Ford Fiesta qui est en tête ce soir.

20130801-201403.jpg

Jump, Jump !

La fameuse chanson de Van Halen pourrait bien être l’hymne de ce fabuleux rallye de Finlande. Un paramètre majeur sur cette épreuve : les sauts. D’où la nécessité de bien se placer avant et après les bosses pour ne pas se faire piéger. Attention aussi aux cordes profondes, qui recèlent parfois de grosses pierres traitresses pour les suspensions.

Latvala perd tout

ES2 et déjà un favori éliminé, le 3e de l’an passé Jari-Matti Latvala. Le Finlandais a heurté une pierre et cassé le bras de suspension arrière gauche. La seule assistance étant en fin d’étape, la Volkswagen Polo R continue la journée en crabe mais ne pourra pas aller plus loin que l’ES4. Latvala repartira demain en Rally2 avec 10′ de pénalité (5 par ES manquée).

20130801-173638.jpg

Pour la lutte en tête, un trio infernal va rapidement se constituer. Mikko Hirvonen, en verve sur ses terres, signe son retour au premier plan en se mettant au niveau de Sébastien Ogier et d’un toujours plus rapide Thierry Neuville. Le Belge de chez Ford est la surprise de ce début de rallye.

A toi, à moi …

Si Ogier est parti le plus vite dans l’ES1 et l’ES3, Neuville a signé un superbe scratch dans l’ES2, le propulsant en tête de l’épreuve. Mikko Hirvonen a répliqué dans l’ES4 pour revenir à la hauteur du pilote Ford avant les deux dernières spéciales de la journée. À ce moment-là, Ogier est 3e à 1″6. Derrière les trois larrons, le trou commence à se faire avec Ostberg 4e à 5″1 et Hänninen à 12″4.

La pluie fait son apparition

Et oui. En plein été, la pluie est venue mettre son grain de sel sur les routes finlandaises. Dans la 5e spéciale, Ostberg signe le scratch devant Nikara mais les favoris perdent pied. Hirvonen lâche 4″ et surtout Ogier perd 16″. Il tombe à la 3e place et c’est Neuville qui prend seul la tête de la course avant la dernière Special Stage du jour.

Neuville signe le dernier scratch et conforte son avance au général. Il précède Ogier à 5″2, Ostberg à 8″9 et Hirvonen à 13″8. Un superbe lutte nous attend demain.

Crédit photo : Julian Porter