Coup d’Oeil dans le Rétro F1 : Suzuka 1989

Deuxième Coup d’Oeil dans le Rétro F1 consacré au GP du Japon disputé sur le tracé de Suzuka. Après 1988 et le sacre de Senna, nous arrivons en 1989. Cette édition reste sans doute le GP le plus controversé de l’histoire, avec un accrochage resté dans toutes les mémoires.

Tout comme en 1988, les McLaren n’ont laissé à personne les rênes du championnat. Il reste deux pilotes en lice pour le titre mondial, Ayrton Senna champion du monde en titre, et Alain Prost actuel leader du classement avec 76 pts contre seulement 60 à Senna.
En début de saison, malgré un GP du Brésil qui ne veut pas lui sourire (11e à 2 tours de Mansell), Senna a remporté 3 victoires sur les 4 premières courses de la saison. On pense alors que cela va ressembler à un cavalier seul du Brésilien sur toute la saison, confirmant ainsi son titre de 1988. Mais dès le GP des Etats-Unis, la machine s’enraye et Senna collectionne les abandons et les arrivées hors des points. De son côté, Prost n’a connu qu’une course hors des points, son seul abandon de la saison au Canada avant ce GP du Japon.

Une ambiance délétère

En plus de cette situation comptable, il faut rappeler que chez McLaren rien ne va plus côté coulisses. Au GP de San Marin, deuxième manche de la saison, la rupture entre Senna et Prost déjà entrevue en 1988 au Portugal est consommée. Selon Prost, un accord, à l’initiative de Senna, aurait été passé le jour de la course : pas de lutte avant le premier virage pour éviter tout accrochage pénalisant pour l’écurie. (Source : Immortel de C.Hilton). Au premier départ, tout se déroule parfaitement, mais Berger sort violemment à Tamburello, passant tout près de la mort, et un deuxième départ doit être donné. Au restart, Prost grille la politesse à Senna, et ce dernier attaque quand même le Français à Tosa et le passe. (voir : Deuxième départ du GP de San Marin 1989)
Le Brésilien va finalement gagner cette course. Le Français s’estime trahi, autant par Senna que par son écurie. Ron Dennis mettra les choses au clair quelques semaines plus tard lors d’une séance d’essais. Prost révèlera alors que Senna est tombé en larmes. Furieux que cela soit sorti dans la presse, le Brésilien explique que ce pacte ne devait s’appliquer qu’au premier départ. Bref, la rupture est là et la guerre des mots est lancée.

Suzuka, la dernière chance pour Senna

Senna le sait, il doit impérativement gagner au Japon et espérer une mauvaise performance de Prost pour continuer à croire en ses chances de titre. Il survole les essais, les qualifs et s’adjuge la pole position. Au départ, Prost se trouve du bon côté de la piste, et comme en 1988 prend le meilleur sur Senna. Nouvelle course poursuite pour le Brésilien, sauf que cette fois, ni la pluie, ni une avarie mécanique pour Prost n’interviennent.

L’accrochage le plus célèbre de l’histoire

46e tour, Senna a passé toute la course dans la boîte de vitesses de la McLaren de son rival. À l’approche de la dernière chicane, il voit une porte s’entrouvrir et s’y engouffre. La manoeuvre est royale, mais Prost ferme brutalement la porte. Les deux McLaren s’accrochent. Prost sort immédiatement de sa monoplace : il sait qu’à cet instant il est champion du monde, car la monoplace de Senna est endommagée au niveau de l’aileron avant, et qu’il ne repartira pas.
Pourtant, le Brésilien intime aux commissaires de le pousser sur la piste. Il repart, l’aileron avant bringuebalant. Il parvient à rejoindre les stands, mais Nannini sur sa Benetton est déjà passé en tête. Il reste 6 tours à Senna pour remonter l’Italien. Comme jamais, Senna vole dans les virages de Suzuka et attaque Nannini dans la chicane où vient d’avoir lieu l’accrochage ! Senna a les larmes aux yeux au moment de franchir la ligne en vainqueur : il vient de reprendre 9 points à Prost et de montrer à son rival que rien ne pouvait l’arrêter. C’est ce que tout le monde pensait.

Les instances FIA s’en mêlent

Juste après son accrochage, Alain Prost s’est dirigé vers la salle qui abrite le collège des commissaires. Jean-Marie Balestre patron de la FIA les a rejoints un peu après, suivi de Ron Dennis et Ayrton Senna. Le podium est bizarrement retardé de plusieurs minutes. Que se passe-t-il dans cette salle ?
Après concertation, les commissaires et la FIA décident d’exclure la voiture n°1 et son pilote Ayrton Senna pour avoir court-circuiter la chicane et être ainsi reparti sur la piste. Le Brésilien est prostré sur sa chaise pendant de longues minutes. Prost décroche son troisième titre mondial grâce à l’une des décisions les plus controversées de l’histoire de la F1. Senna dira lors du GP suivant en Australie, qu’il a failli arrêter la F1, que c’est une « vraie manipulation du championnat du monde », sous-entendant par là une aide de Balestre envers Prost. Sa super-licence sera suspendue suite à ces propos.

En se basant uniquement sur les images, et notamment les prises de vues aériennes de l’accrochage, Senna a toujours déclaré qu’il n’était pas responsable de l’incident. Chacun s’est fait son idée et continuera de le faire. Ceux qui pensent que Prost a pris son virage avant la trajectoire normale, ceux qui pensent qu’il n’a fait que défendre sa position. Ce n’est pas le but de relancer le débat, juste de rappeler ce qu’il s’est passé ce jour-là à Suzuka.
De plus, cette fin de championnat 1989 va longtemps rester en mémoire de Senna … Jusqu’au GP du Japon à Suzuka en 1990. Ce que nous verrons demain !

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